Ormonan d’ailleurs: Patrice Brossault, entre Les Diablerets et la Thaïlande

Je suis né en Bretagne, j’ai 52 ans, j’ai grandi dans cette région où déjà enfant, je rêvais de découvertes et de contrées lointaines, la tête dans les nuages et le regard par la fenêtre. Je suis une filière scolaire dans la comptabilité et au même moment j’apprends la guitare et fais partie du groupe de rock progressif Long Courrier, pionnier de ce genre de musique, à la fin des années 70. Mais le voyage est toujours très présent, je fais le choix de découvrir l’Asie pour de longs voyages et c’est la révélation en 1986, je ne sais pas encore que je ne retournerai plus en Bretagne, en France pour y vivre.

J’arrive en Suisse et aux Diablerets avec ma compagne Véronique qui est Normande grâce à la rencontre en Inde et à un échange d’adresse avec Murielle Pichard, fille de Dany.

Accueil plus que chaleureux, grâce à cette famille, grâce à Jean-Louis son frère, qui nous loue un appartement. Je suis émerveillé par ce décor imposant et magique, je trouve un travail aux remontées mécaniques d’Isenau et aux téléski de la Florietaz (merveilleux moments avec les inconditionnels de cette piste et la faune sauvage) et à la Couronne pour Véronique pour la saison d’hiver 87-88.

Et depuis, cette histoire d’amour avec ce village n’a jamais cessé. Quand j’y revenais les hivers, jusqu’en 2005, je trouvais beaucoup de similitudes avec ma région, un climat exigeant, un paysage fantastique qui impose le respect et qui nous remet à notre place et des habitants accueillants, qui ne se livrent pas facilement, qui s’apprivoisent avec le temps, pas à pas et qui aiment passionnément leur vallée.

Je travaille actuellement à la commune d’Ormont-Dessus, depuis 7 ans pour la saison d’été, de mai à octobre où je m’occupe de l’entretien des espaces verts et des fleurs en priorité. J’aime ce travail qui contribue à embellir le village, le temps d’une saison. J’aime le contact, la proximité avec les habitants, dans un environnement que beaucoup peuvent nous envier. A l’automne, comme les oiseaux migrateurs, je repars pour l’autre passion de ma vie: la Thaïlande où je réside depuis 1995. J’y retrouve ma compagne qui travaille aussi au Pony et ma fille de 12 ans Djalounie, qui a passé quatre hivers avec nous sur les pistes. Elle est née à Chiang-Rai (nord de la Thaïlande) à la frontière du Laos et de la Birmanie où elle est scolarisée dans une école locale. Elle parle et écrit le thaï, l’anglais et le français. Elle se réjouit de revenir aux Diables pendant les vacances scolaires, en mars, pour skier et retrouver des copines, rencontrées pendant une scolarité d’un hiver.

Je m’occupe aussi de mes trois éléphants, depuis 1998, qui travaillent dans un camp pour promener les touristes. J’ai appris, au contact de mes cornacs (conducteur d’éléphant de la tribu Karen, les meilleurs pour le dressage), à soigner, conduire et aimer ces magnifiques pachydermes en voie d’extinction, à cause de la déforestation. Je suis souvent avec eux dans la jungle du Triangle d’Or, dans ce pays montagneux, les prémices de l’Himalaya, qui me rapproche aussi des Diablerets .

J’aime les rapports humains et la convivialité, l’enrichissement au contact de différents peuples et cultures, les langues que j’apprends dans chaque pays traversé. Et j’espère redonner, par ma présence et mon engagement, un peu de tout ce que m’a apporté le village des Diablerets en m’acceptant et en changeant ma vie, un jour de décembre 1987.

Recueilli par Françoise Dutoit

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