Très chère vieille grand-maman,

Bravo et Félicitations ! Grâce à toi nous célébrons cette année tes 100 ans. Voilà donc que tu es née il y a un siècle, avec l’aide de bâtisseurs tels que le charpentier Gustave Oguey, le menuisier Jules Bonzon, les maçons Carando et Jelmoli, bref des personnes qui tout de suite ont cru en ton avenir.

Taillée dans du bois de nos forêts, solidement assise sur un mur de pierres venant de la Carrière des Pares, adossée à ce joli clocher dans lequel teinte « La Joyeuse », cette cloche qui se veut rassembleuse, et que l’on entend par jour de bise jusqu’à la Comballaz, ou par temps de foehn à la Lécherette !

Certes, grand-maman Eglise des Mosses, tu n’as pas la prétention d’être un édifice de dimensions d’une cathédrale, d’être la plus grande … quoique … tu restes l’église la plus haute du Canton ! Tu as la modestie de notre coin de pays et tu es jolie, alors sache que tu peux être fière de cette modestie et de cette beauté. Cela te rend encore plus sympathique et plus respectueuse, toi qui as entendu les balbutiements du nouveau-né baptisé près de ton chœur, toi qui pourrais nous raconter les promesses de mariage des jeunes époux, toi qui saurais nous murmurer la tristesse et les larmes lors d’un dernier Adieu. A toi qui as tant de secrets gardés en douce, va mon amitié.

Presque sans une ride tu as traversé un siècle et quel siècle ! 2 guerres, la crise de « Trente » et pourtant tu es bien là, confiante en l’avenir.

Et ta santé grand-mère, ça va ? Comme Ormonanche tu me répondras : « tant bien que mal, merci ». Tu as subi quelques interventions que tu as bien supportées, telle que la disposition de l’intérieur pour laisser la place à un orgue dont tu me dis être très fière.

Dernièrement on a « retapé » la façade sud, celle qui te permet de regarder vers le lieu de repos de ceux qui nous ont quittés …. là … juste de l’autre côté de la route !

A propos de cette façade, tu m’as fait remarquer que tu aimerais mieux voir la vallée mais que quelques grands feuillus te gênaient, t’empêchant entre autre de profiter des derniers rayons de soleil !

Grand-maman, quel plaisir de te voir sans grands problèmes ! J’ai envie de te dire que le temps qui passe est bien peu de chose. A quoi bon compter les années, si comme toi on arrive avec sérénité à voyager dans le temps pour atteindre ce remarquable anniversaire, cet instant de bonheur et de beauté que les souvenirs transforment en joie immortelle !

Quant à ton moral, il ne va pas si mal. Ton esprit d’ouverture et ton accueil restent intacts, ce même esprit qui t’a permis d’être œcuménique lorsque tu accueillais le curé de Château d’Oex venant dire la messe aux personnes œuvrant aux Mosses ou aux ouvriers de la construction du barrage de l’Hongrin.

Aujourd’hui quelques fois tu te plains, et ce n’es pas ton habitude, que certains dimanches tes enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants ne sont pas très nombreux à franchir le porche pour venir au culte !

On comprend cet appel, alors gens des Ormonts et d’ailleurs, vous avez de la chance d’avoir une alerte centenaire qui vous fait un clin d’œil. Vous qui passez par ici, arrêtez-vous approchez-vous de cette église, collez votre oreille à ces madriers et écoutez attentivement. Vous entendrez toutes sortes d’histoires que des générations lui ont confiées, vous retrouverez d’anciens souvenirs.

Tiens, en parlant de souvenirs, on pourrait en écrire des pages et des pages, mais je vois que tu somnoles en me lisant et tu vas me dire que les orateurs trop longs c’est comme si ton horloge sonnait toutes les minutes, ça devient difficile à supporter, surtout à ton âge.

Ainsi pour aujourd’hui je vais arrêter mais je te promets que pour fêter l’anniversaire du jour de ta consécration, c’était le 17 décembre 1911, je t’enverrai une missive où l’on parlera d’évènements et souvenirs qui ont marqué ton parcours durant un siècle.

Alors je finis cette lettre, grand-maman, en saluant tes 100 ans avec respect, te souhaitant encore de longs siècles de vie villageoise, simple, lumineuse et rassembleuse comme au soir de ta naissance.

A bientôt, tout de bon…

Michel Tille, août 2011

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