Les défis sont multiples, les attentes des citoyens encore supérieures, et personne n’est content, les marques de reconnaissance inexistantes. Ce que je crois, et là, la Municipalité de la Commune d’Ormont-Dessus a tenté d’imprimer, plus ou moins, ce que je préconise depuis plus longtemps: mettre les différents intervenants du développement autour d’une ou plusieurs table et essayer de définir une certaine direction coordonnée de nos choix et de nos aspirations.

Malheureusement, on se rend compte que la destinée de notre coin de pays, échappe à notre responsabilité. De grands spécialistes imposent une manière d’entrevoir notre avenir, et nous assènent des vérités absolues et définitives, même si celles-ci se modifient au gré du vent. Lorsqu’on nous a dit que la solution d’une télécabine reliant le départ du Meilleret à Isenau, comportant deux pylônes de plus de 30 mètres en plein vrai village de montagne (oui, mais décorés par l’ECAL!), était la seule solution pour pouvoir répondre à la date butoir fixée par l’Office fédéral des transports. Non, il n’y a pas de plan B! Tiens tiens, si on n’a pas une solution plus intelligente, plus actuelle, plus originale, on ne pourrait pas obtenir une prolongation de ce délai-couperet, je perdais alors confiance dans les services chargés de la bonne marche de nos infrastructures.

Ce qui semblait intransgressible, est devenu plus souple, le chantage du début s’est mué en une seconde réflexion. Lorsque je dis réflexion, les mêmes doutes m’assaillent. Maintenant, on nous parle de créer un téléférique reliant le départ du Meilleret au Scez Rouge. Mais que voilà la panacée! Le résultat provisoire des commissions 2025 mettent en avant la qualité du paysage comme point d’attraction essentiel des hôtes de la station. Une série de câbles traversant ce même paysage exceptionnel va-t-il réellement le mettre en valeur. Comme me proposait l’un de mes amis, il faudrait exiger un câble vert pour l’été, un câble blanc pour l’hiver et encore un rouge pour l’automne.

Vous remarquerez que je n’entre pas dans l’aspect financier d’une telle hérésie d’ingénieurs sans imagination, car là, le problème serait vite réglé. Si, effectivement, l’idée d’une grande boucle prônée par ceux qui détiennent la vérité sans mettre la main au porte-monnaie, peut paraître attractive, elle impose aux régions des mariages contre-nature. Est-ce que les habitants des Diablerets pourraient sans autre déménager à Villars?

Je suis convaincu que les collaborations sont indispensables pour diminuer les frais et augmenter l’efficacité, mais cela doit se faire dans le respect des intérêts de chacun et non une mise sous tutelle par celui qui se croit plus important. Les personnes qui ont acquis un bien de l’autre côté du Meilleret, n’ont pas les mêmes aspirations que celles de notre petit coin de vallée. Ce ne sont pas non plus les mêmes types de clients que l’on trouve à Gstaad ou à Rossinière. Chacun a ses propres désirs, sa propre manière de vivre, et ce n’est pas forcément compatible. Si cela me paraît élémentaire de promouvoir toute une région sur les marchés touristiques, il est vital de mettre en avant chaque spécificité, et non de tirer toute la couverture à soi, comme cela risque bien d’arriver. Demandons au gens de Gryon ce qu’ils pensent de leur collaboration avec Villars!

Si j’étais un décideur, je prônerais une nouvelle installation pour promouvoir ce champ de neige exceptionnel doté d’un micro-climat, ensoleillé et qui permet aux skieurs de rentrer, en famille, les skis aux pieds jusqu’à leur chalet. Je laisserais les autres moyens de remontées mécaniques à ceux qui veulent bien s’en occuper. Les pseudo-décideurs ne devraient pas négliger l’attachement de la population et des visiteurs à Isenau. Mille personnes sur les 4’500 qui ont signé la pétition ont un bien dans la Commune, Pour une petite région c’est important. J’axerais aussi le développement de la région des Ormonts sur le tourisme d’été et d’entre-saison, dont les coûts seraient vraisemblablement plus en rapport avec les rentrées fiscales actuelles. Le temps du mépris des budgets me semble complètement dépassé, l’avenir doit se décider avec ce que l’on peut payer. Les Grecs, bientôt les Français vivent et vont vivre les lendemains qui déchantent, ne suivons pas le même chemin. Gérons et réfléchissons, cela permet parfois de trouver des solutions originales et respectueuses de notre cadre de vie privilégié. Voyez ce nouveau téléski alimenté par l’énergie solaire dans une petite station des Grisons, qui produit trois fois plus qu’il ne consomme. Arrêtons de penser comme on l’a toujours fait, sans responsabilité, sans imagination, car, comme aurait pu dire le jeune Rabelais, «technique sans conscience n’est que ruine de l’âme».

Jean Lugrin, janvier 2012

5 Commentaires

  1. Pauvre petite réflexion perdue dans les colonnes discrètes d’un courrier de lecteur recherchant un dialogue quasi inexistant.

    Tu aurais dû alimenter le forum,
    C’est un peu comme si l’on avait pris la gomme.

    Allez, Ronchon, relèvez la tête, soyez un homme,
    C’est sûrement bien fait pour votre pomme !

    Amitiés, Gilbert
    Jean

  2. Analyse propre et nette de ce coin-ci de pays.
    Ronchon ou pas, c’est assez droit dedans.
    Salutations.
    Christophe

  3. Quelle bouffée d’air frais.
    Ca change énormément des communications “arrogantes”.
    Merci
    Salutations
    René

  4. Gérer ou digérer?
    Il est à noter que ces deux verbes se conjuguent avec “avoir” et comme disait trucmuche, “l’avaleur n’attend point le nombre des années”.
    La grande bouffe, avec nous dans l’assiette, sans l’option “choix de la sauce”, c’est pour tout bientôt si on se laisse faire.
    Me voilà subitement atteint de ronchonite aigüe.
    C’est contagieux ce truc là…?
    Bravo Jean
    Amitiés
    Claude-Alain

  5. Merci à M. Lugrin pour sa réflexion de janvier 2012 pleine de sagesse et la jolie carte postale humoristique qui l’accompagne!
    Est-il encore possible de signer la pétition ou est-ce trop tard?
    Bravo pour le Cotterg…que Dieu lui prête longue vie et encore plus à notre beau village des Diablerets, un village de montagne comme on les aime…
    Une question cependant : pourquoi c’est toujours les mêmes qui causent? et les autres?
    Mireille, vaudoise, résidente à Puidoux et propriétaire d’une résidence secondaire aux Diablerets

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