Les présentateurs des Alpes Vaudoises 2020 à la soirée du 8 novembre aux Diablerets sont à féliciter, le public était présent et nombreux. Cependant, dans la clarté des propositions exposées, la nébuleuse des solutions de mise en exécution apparaît de façon flagrante. Comment peut-on avancer de grandes idées devant un public averti tout en sachant que les utopies proposées n’ont pas été étudiées quelque peu dans leur possibilité de réalisation. Pourquoi proposer des solutions de mise en œuvre dans un périmètre hors des zones constructibles avant d’en avoir étudié le premier degré d’acceptation par les autorités compétentes. Ceci ne peut qu’apporter du retard dans les prises de décisions.

Le deuxième volet de la présentation concerne le rallongement de la ligne de chemin de fer de l’ASD. Je ne suis pas convaincu par le déplacement de la gare d’arrivée actuelle pour différentes raisons. Aurons-nous plus de skieurs qu’actuellement? Le terminus se trouve à 600 mètres de l’axe des croisements des deux futurs téléphériques. Il semble que l’on oublie que tous les jours des élèves, des touristes, des voyageurs du pays prennent le train au centre du village, le futur emplacement de la gare se trouverait plus éloigné et d’accessibilité moins confortable qu’aujourd’hui. L’implantation actuelle offre de multiples avantages. Avec une reconstruction moderne de la gare avec commerces, appartements et pourquoi pas appartements protégés donnerait un accès direct à la rue piétonne. Le dernier point que je soulève, est-il possible d’investir de dizaines de millions par l’ASD sans rentabilité supplémentaire?

L’aménagement du téléphérique Diablerets-Scex Rouge n’apportera un mieux que pour les skieurs venant de Villars, par contre tout ce beau monde passera beaucoup plus de temps dans les transports aériens que faire du ski, ce qui devrait être le but premier. Entre la piste de Vioz et le Pillon, un bus navette tous les quarts d’heure peut assurer le transbordement, ceci pour donner la possibilité de faire plus de ski, et je m’explique:

Lors de la présentation du 8 novembre, il a été question de prévoir de faire du ski à des altitudes plus élevées. Depuis 1964 à 2000, la piste des Pierres-Pointes était devenue un endroit très recherché. Plusieurs qualités étaient à son actif, pente, dénivellation, approche directe du départ et de l’arrivée, ce que tous les skieurs apprécient aujourd’hui. Cette piste a été fermée en fonction de l’élimination de l’arrêt des Pierres-Pointes. Et que voit-on aujourd’hui? Avec les skis actuels, les équipements qui ont évolués depuis 1964, des centaines de skieurs partant du Scex Rouge pour arriver au Pillon. Cela représente une dénivellation de 1400 m. Quelle station des Alpes Vaudoises qui peut offrir une telle piste, et avec des conditions d’enneigement de qualité jusqu’à mars-avril? Depuis la terrasse du restaurant du col, quel spectacle de voir évoluer ces skieurs, c’est fabuleux, mais quels dangers aussi pour ces jeunes! J’en frémis chaque fois, connaissant parfaitement la région, le passage sous la Vire aux Dames est dangereux. La combe du Dar-Dessus peut être avalancheuse, n’attendons pas chaque année d’avoir un accident mortel avant de prendre des dispositions de sécurité. Le projet actuel est capable de proposer d’investir des dizaines de millions pour un téléphérique non nécessaire et en plus quelques millions pour désaffecter toutes les installations de départ du Pillon. Il est tout à fait possible avec beaucoup moins d’argent d’aménager une piste sécurisée entre le Scex Rouge et le Pillon. Il y a des gens compétents en Suisse ou ailleurs pour donner des conseils judicieux à ces travaux. Beaucoup de champs skiables ont nécessité des mises en place d’ouvrages, afin d’offrir des parcours de valeur et hors de danger. Il est certainement possible de négocier avec les défendeurs de la protection de la nature si l’on veut maintenir une économie diversifiée pour le sport d’hiver. Nous avons une montagne difficile à maîtriser pour le ski, mais la solution proposée ici est de grande valeur. S’il est possible de construire un téléphérique sur un site protégé, IFP, il doit être plus facile de négocier la réhabilitation des Pierres-Pointes.

La démolition des constructions au Pillon va avoir un coût énorme, comment peut-on démolir un investissement fait il y a tout juste 13 ans. A-t-on vraiment trop d’argent dans ce canton? Qui oserait dans une économie libérale prendre de telles décisions. Le col du Pillon est un endroit très vivant actuellement, le futur projet le rendrait désertique. Que vivent à nouveau les Pierres-Pointes réaménagées.

Camille Pittet, Les Diablerets

6 Commentaires

  1. Merci Camille de tenter de nous rendre la vue.Ta vision est juste
    sur toute la ligne.
    Avant de présenter des projets mammouth, sachons déjà mettre en valeurs ce que nous possédons.

  2. Le principal c’est de discuter et d’essayer de se comprendre. Avoir l’inteligence d’écouter, faire abstraction des intérêts privés et voir les avantages offerts. Après, ce n’est qu’une histoire de défendre tous ensemble le projet le plus intelligent et réalisable dans l’avantage de tous.

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