M. Jean-Gaspard Dollfus est décédé aux Diablerets, le 11 avril 2011, à l’âge de 94 ans. Le défunt, d’origine française, d’abord résident occasionnel, s’était installé définitivement dans la station en 1982. Deux médecins – les Drs Thierry Wälli et Pascal Gertsch – qui étaient ses amis, s’associent pour adresser au Cotterg un hommage destiné à faire revivre, le temps de cette lecture, ce personnage hors du commun, très attaché à notre vallée.

LE COTTERG

Jean-Gaspard Dollfus est né à Mulhouse en 1917. Fils d’industriels du textile, il est monté à Paris pour ses études d’ingénieur à Centrale, où il a fait connaissance de son épouse Denise, qui est sortie première ingénieur féminine de France. Leur parcours a été très varié: ils ont eu un mandat de coopérants à Fès, au Maroc, et pendant la guerre, Monsieur Dollfus, qui était officier, a passé en Angleterre où il a développé une admiration pour l’English way of life.

Ce n’est qu’après la guerre qu’il est rentré dans l’industrie automobile, en important – d’abord pour la société Lockheed – le système de freinage hydraulique pour les voitures françaises. Par la suite, installé à Neuilly où il a fondé une famille d’où sont issus deux filles et un garçon, il a réalisé une révolution dans le freinage automobile.

Le concepteur

En 1955, les 24 heures du Mans sont remportés par Jaguar sur une type D 774 RW No 32 et l’année suivante, le scénario change, mais le résultat est identique. Dotée d’un puissant moteur robuste, ce n’est pourtant pas lui seul (comme le pensait Enzo Ferrari) qui a fait le succès de Jaguar, mais bel et bien ses freins à disque!

Jean-Gaspard Dollfus, le concepteur de cette adaptation existant déjà sur les avions pour lesquels il travaillait alors, avait reçu le mandat sans limites financières, par Jaguar et Dunlop, de développer ce type de frein pour la compétition. Ces prototypes équipés de freins à disque pouvaient engager la manoeuvre de freinage bien plus tard que les voitures équipées de freins à tambour traditionnels et ils étaient pleinement performants durant toute la course de 24 heures. De ce fait, les autres concurrents partaient presque perdants.

Jean-Gaspard Dollfus a par la suite obtenu le mandat de Renault, limité financièrement cette fois-ci, de développer un type de frein à disque pour une petite voiture de série qui deviendra la Renault Dauphine, première voiture pour tout le monde à être équipée de vrais freins à disque.

Il venait très souvent en Suisse pour les vacances. Il a acheté son chalet aux Diablerets en 1980 et s’y est définitivement installé en 1982. Retiré des affaires, il a consacré tout son temps entre les Ormonts et Noirmoutier, en Vendée, où son voilier était amarré. La nature et l’histoire étaient ses deux passions. Il aimait la bonne chère et appréciait les bons vins, dont il était un grand connaisseur. Il n’aimait pas les mondanités et a toujours vécu très discrètement.

Les commerçants du village des Diablerets et le traiteur de Gstaad étaient les personnes avec qui il entretenait des relations amicales. Personnellement, j’étais son voisin direct et son médecin de référence jusqu’à sa mort, toujours en parallèle avec mon ami, le Dr. Gertsch.

L’ayant côtoyé durant ses années de retraite de façon régulière, nous gardons un souvenir amical et impressionnant de ce grand érudit, aviateur, navigateur, passionné d’histoire suisse et des Diablerets. Il s’est endormi paisiblement, chez lui, entouré de son épouse et d’une équipe soignante qui lui était très attachée.

Thierry Wälli / Pascal Gertsch

2 Commentaires

  1. Cher Monsieur Wälli,
    je vous remercie pour cet hommage fait à mon grand-père et que je ne découvre que ce soir n’en ayant pas eu connaissance auparavant. C’est en faisant quelques recherches ce soir sur ma famille sur l’intenet que je l’ai découvert. J’aurais beaucoup aimé être informée à l’époque du décès de mon grand-père de cette action pleine d’attention et vous rencontrer pour vous saluer alors. Je serai ravie d’avoir un jour prochain un contact avec vous et Monsieur Gertsch, car je suis en train d’écrire sur mon grand-père et ma famille et je serai très intéressée d’avoir ne serait-ce qu’un petit “entretien – témoignage” pour apporter quelques substances à mon travail. Je serai présente aux Diablerets en juillet si vous y êtes aussi, peut-être pourriez-vous me consacrer quelques minutes de votre temps. En vous remerciant encore, j’espère que vous prendrez contact avec moi. très cordialement, C. Dollfus
    Camille.dollfus@gmail.com

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