En entendant parler de cette future votation, ma première réflexion a été: mais que va devenir le patrimoine existant? Ceci est évidemment capital pour certaines régions de montagne, comme la vallée des Ormonts, trop éloignées des centres urbains pour pouvoir accueillir 80% de résidences principales.

Ce qui m’a inquiétée le plus, c’est que peu de personnes de mon entourage se rendaient compte de l’effet pervers de cette initiative, si elle devait être acceptée par le peuple, le 11 mars prochain.

Après avoir écouté divers débats, je n’ai pas trouvé les réponses à mon inquiétude, j’ai donc pris contact avec la Fondation Franz Weber et j’ai compris la gravité de la situation pour les habitants des régions de montagne.

Je m’explique: étant donné que chaque commune ne pourrait plus dépasser la part de 20% de résidences secondaires, car il ne s’agit pas uniquement des nouvelles constructions, mais de l’ensemble du parc immobilier, les habitants des régions de montagne se retrouveraient devant de graves conséquences en cas d’obligation de vendre leur immeuble: “difficultés financières, changement de situation professionnelle, familiale ou tout simplement souhait de se séparer d’un bien immobilier”, puisque le changement d’affectation ne serait plus autorisé, tant que le quota dépasse les 20%. Objectif irréalisable.

L’effet pervers de cette initiative qui voulait faire diminuer la spéculation, va faire effet contraire. Les résidences secondaires existantes au 31.12.2012, pourront être vendues en secondaires, mais par contre, les personnes domiciliées ne seront plus autorisées à vendre leur bien comme résidence secondaire.

Que va-t-il se produire? Le marché immobilier des résidences principales va s’effondrer, les banques pourraient ne plus prêter, même pour des rénovations, étant donné le peu de possibilités de reprise en cas de problème. Par contre, l’immobilier répertorié en résidence secondaire va prendre des valeurs disproportionnées, compte tenu de la forte demande.

Moralité: les communes de l’arc alpin vont se retrouver avec un problème beaucoup plus grave que l’exode actuel, car qui souhaiterait s’installer en montagne pendant une période de sa vie (ce qui est un pourcentage réduit, mais bien réel), en sachant que son bien sera invendable, ou difficilement vendable, le moment où il faudra se rapprocher des commodités, des transports en commun, par exemple.

Je vous encourage à lire le dépliant joint au bulletin de vote, et à mesurer les graves conséquences pour les habitants des Ormonts, le jour où vous constaterez que la valeur de votre chalet est inférieur à celui de votre voisin, ou même que l’appartement situé juste à côté, ou encore qu’il vous serait tout simplement interdit de transformer un bien de famille devenu vacant, ceci à des fins de vacances (page 12 du fascicule). Là, vous mesurerez l’injustice, alors qu’il vous était promis l’inverse.

Dernier point que je souhaite relever sur l’absurdité de cette initiative, c’est qu’elle va toucher les travailleurs obligés de partir loin de leur domicile pour gagner leur vie, vu les difficultés du marché du travail. Dans ce cas également, cela aurait des répercussions d’une gravité extrême, puisque ces personnes seraient obligées de louer un pied-à-terre pour l’occuper en semaine. Elles se retrouveraient donc considérées comme en résidence secondaire. Je laisse chacun faire sa propre réflexion…

Personnellement, j’ai fait le choix de résider dans cette vallée que j’affectionne, dans laquelle je gambade depuis ma conception. Je la défends également pour la préserver, pour sa faune et sa nature. Mais cette initiative n’apporte pas les réponses attendues. Je ne souhaiterais pas voir des dizaines de chalets ancestraux, valeur de notre patrimoine, partir en décrépitude. Ce serait manquer de reconnaissance envers les générations précédentes.

Anne Ruchti, février 2012

Les Diablerets

1 Commentaire

  1. Madame,
    Vous dites qu’un objectif de 20% est irréalisable. (résidences second
    aires) Au lieu de discuter une fusion entre Ormont dessus et Ormont dessous, on pourrait discuter une fusion des 2 communes Ormont avec Aigle. Le pourcentage des résidences secondaires serait evtl. en dessous de 20%. On devrait chercher les arguments positifs pour la population d’Aigle. (tarif indigène pour abo ski et ski-fond, etc)
    Quelles avantages contre des stations Verbier, Villars, Gstaad en cas de réussit !!
    Josef Fleischmann

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