Ce soir, jeudi 4 juillet, le conseil se réunit pour voter sur la participation de la commune à hauteur de CHF 500’000.00 pour remplacer la télécabine d’Isenau.

L’enthousiasme du corps législatif et de la Municipalité est tellement unanime qu’il en devient complètement inutile voire préjudiciable pour sa santé morale de s’exprimer autrement.

Cette tribune sera plus appropriée pour rappeler quelques réflexions qui auront ici une lecture plus attentive que l’écoute de mes collègues.

Premièrement, la télécabine n’est pas menacée de fermeture. Comme toute installation, elle doit être entretenue, révisée et aux normes. Cela signifie que tant qu’elle remplit les critères de l’Office fédéral des transports, elle peut continuer de tourner. L’urgence n’est ainsi pas aussi pressante car l’installation bénéficiera de la nouvelle autorisation pour 4 années. Puis 4 années suivantes et ainsi de suite pour peu que l’exploitant ne fasse pas preuve de mauvais état d’esprit en ne procédant pas à l’entretien nécessaire pour la pousser à la sortie… un peu comme le vendeur d’aspirateur qui vous certifie que votre appareil est mort pour vous en refourguer un nouveau.

Deuxièmement, dans sa configuration actuelle, l’installation est rentable car les coûts d’exploitation sont faibles, en main d’œuvre, en électricité (matière première). Le télésiège Diablerets-Meilleret consomme à lui tout seul autant d’électricité que l’ensemble du domaine d’Isenau. L’installation est amortie, ce qui économiquement rend l’exploitation viable pour une infrastructure qui ne génère pas de trafic à elle seule comme la Jungfraujoch. On peut naturellement rêver à une augmentation de la fréquentation pour la seule raison de la modernité de la nouvelle installation et de son survol sur les habitations. Le préavis municipal ne contient cependant aucune étude ou données sur cette perspective d’augmentation de la fréquentation, du prix, du break even à atteindre. Nous avons déjà vécu cette mésaventure avec la société du Meilleret-Diablerets-Vers l’Eglise SA qui a été liquidée en état de surendettement juste avant la faillite en raison d’un passif trop important et des charges trop lourdes. Si nous n’avions pas trouvé de repreneur, qu’en serait-il advenu ?

Certains pensent que l’endettement c’est bien et que faire supporter les pertes d’exploitation aux voisins est un bon calcul. On peut douter que ce soit une politique responsable pour une collectivité et qu’elle permettra de sécuriser l’économie locale. Comme l’installation à plus de 17 millions génèrera plus de perte en été que les coûts de mise en place d’un service de bus, la sanction sera inéluctable. 4 à 5 mois d’exploitation par année durant la saison d’hiver et le reste du temps ce sera une installation fermée. Les œufs rouges ne tourneront plus. Nous pouvons refuser de voir cette réalité économique. En penser que la Free Access pourra payer l’exploitation, c’est oublier que les moyens financiers de cette institution ne sont pas suffisants pour cela, raison pour laquelle il n’a pas été possible d’inclure dans cette offre Glacier 3000 qui est notre USP.

Il est dommageable que durant les 4 années à venir, nous ne profitions pas de ce temps pour évaluer toutes les options envisageables et de choisir celle qui économiquement et pratiquement sera la plus appropriée. Foncer tête baissée vers une énième faillite après le Meilleret et le Glacier n’est pas favorable à notre image.

Ma conclusion :

Aujourd’hui, Isenau ne ferme pas. Demain, les œufs rouges s’arrêteront de tourner en été avec le projet envisagé par la Municipalité. Les coûts d’exploitation de la nouvelle installation de plus de 17 millions seront disproportionnés par rapport à la fréquentation. Dommage de prendre une décision hâtive qui ira à l’encontre du souhait populaire.

Bonne votation et à la prochaine fois.

Eric Mermod

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