Blâme à l’OFAG (Office fédéral de l’agriculture), à l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), ainsi qu’à toutes nos instances cantonales, sans exception, qui veulent cette fois faire disparaître l’agriculture familiale de ce pays.

A l’automne 2012, notre Conseil National a voté, à une forte majorité, l’abandon pur et simple de la prime à la vache (UGB) et décide aujourd’hui de réduire drastiquement les paiements directs, pourtant inscrits dans la Constitution et qui représentent une aide nécessaire à la survie des éleveurs dans les régions difficiles de ce pays.

En tant qu’agriculteur, éleveur et producteur de lait, j’ai toujours appris que le rôle premier du paysan était de nourrir le peuple d’un pays. Hélas, dans le contexte actuel et de la politique agricole 2014-2017 telle que prescrite à nos paysans aujourd’hui, cela n’a plus l’air d’être le cas.

Je cite par exemple:

  • Contrôles des étables en tous genres;
  • Divers labels: bio, biodiversité, AQ viande (assurance qualité viande), denrées alimentaires;
  • Tas de cailloux au milieu d’une belle parcelle;
  • Plantation de haies et arbres individuels;
  • Pose de bacs à fleurs;
  • Nichoirs pour petits oiseaux et perchoirs pour les gros;
  • Etc., etc.

Ces mesures s’avèrent inutiles quand on connaît les exigences européennes, loin d’être satisfaisantes et tout cela pour justifier l’emploi de contrôleurs inutiles.

Paysans! Ce système nous force à devenir tout simplement et bien naturellement des profiteurs, des assistés, des chasseurs de primes, des accapareurs de terrains que l’on n’arrive même plus à entretenir convenablement. A brève échéance, notre lait industriel avoisinera les 30 ct/litre (aujourd’hui à environ 50 ct/litre), ne couvrant déjà plus les coûts de production. Voyez-vous, la Suisse n’avait surtout pas besoin d’une agriculture à l’américaine; hier Pascal, aujourd’hui, Johann. Qu’on le veuille ou non, c’est bien longtemps avant l’introduction de toutes ces aides financières artificielles à l’agriculture que nos politiques ont soigneusement et prudemment préparé sa mort et ça, simplement pour diviser et désolidariser la base.

Jeune génération, paysannes et paysans de ce pays, si vous voulez encore travailler la terre de vos ancêtres dans une quarantaine d’années et plus, ainsi que ces beaux alpages, réveillez-vous sérieusement, sans délai, prenez votre destin en main et ne vous laissez plus dicter votre avenir par des technocrates issus pour certains de nos campagnes, mais trop fainéants et incapables de la travailler, de vrais socio-écologistes pourrait-on dire.

Il est bien regrettable que nos sept sages soient menottés, fonctionnant comme des pions face à la pression de nos grands distributeurs que sont Migros, Coop, Denner, Aldi, Lidl… Chaque fois qu’une exploitation agricole de ce pays disparaît, cinq fonctionnaires devraient subir le même sort. Malheureusement, rien ne changera en Suisse tant que nos politiques peuvent trop facilement se remplir les poches, crouler sous le fric et tout ça, sans se soucier d’avoir sûrement faim un jour.

La vraie famille paysanne, son savoir-faire, ses coutumes et ses traditions feront bientôt partie de l’histoire suisse.

David-Philippe Favre, Les Diablerets
Mai 2015

1 Commentaire

  1. Il y a longtemps que j’imagine, avec horreur, la fin de l’agriculture de montagne. Pourtant, c’est à cause d’elle que je me suis «expatrié» de Lausanne, dès que je l’ai pu pour m’établir, d’abord au Pays-d’Enhaut durant vingt ans, puis aux Ormonts depuis une trentaine d’années, et j’y vis heureux. Jamais, je n’aurais pu habiter une station touristique sans ma référence : l’agriculture.

    Indépendamment du fait que ma grand-mère maternelle était issue de ce milieu, j’aimais côtoyer mes oncles à la ferme du Monteiller, et admirait le travail du paysan au rythme des saisons. Il ne lui serait pas venu l’idée de ramasser son foin en hiver ! Durant ma carrière professionnelle, mon bureau a construit plusieurs ruraux, la laiterie-fromagerie des Moulins et agrandi la troisième étape des caves à fromage de l’Etivaz. J’aimais oeuvrer pour ces gens. En même temps, j’ai suivi la main-mise d’un état de fonctionnaires zélés, mais pas toujours compétents, qui ont rendu le travail de l’agriculteur de plus en plus compliqué, noyé sous une paperasse, pas toujours gage de qualité.

    Si je ne suis pas pour les aides financières automatiques, dans aucun domaine, je ne vois pas comment l’agriculture de montagne pourrait s’en sortir autrement. Cette dernière n’a aucune commune mesure avec celle de la plaine et encore moins avec celles d’étendues à perte de vue de certains pays. Mais la nôtre, on y tient, nous en avons un besoin vital, pas seulement pour jardiner le paysage, elle est l’une des valeurs fondamentales de l’équilibre de nos régions de montagnes.

    Le paysan a reçu une formation. Non seulement au niveau théorique, mais souvent, depuis tout petit, il a participé aux travaux de la ferme, il a observé, il a enregistré les explications des aînés et il a choisi de poursuivre l’oeuvre familiale, par amour du métier, non par snobisme. Il connait sa terre, il connait ses bêtes, et il veut faire le mieux possible. Alors, pourquoi des fonctionnaires frileux en cravates viennent-ils lui compliquer sa tâche par des règlements contraignants et souvent inutiles ?

    Par rapport à bien des irresponsables que l’on trouve surtout en plaines et en villes, le paysan est un être qui s’assume et qui sait que les conséquences d’un mauvais travail lui retomberont directement dessus. FOUTEZ-LUI UN PEU LA PAIX ! Lui, il sait. Ne lui enlevez pas son bon sens par une réglementation de gratte-papiers. J’attends avec une énorme appréhension le jour où l’on interdira la fabrication du fromage d’alpage sous prétexte de conditions d’hygiène non remplies.

    Messieurs les fonctionnaires de la paysannerie, vous avez déjà tué la boucherie de campagne, laissez vivre l’agriculture de montagne, on en a plus besoin que de vous !

    Jean Lugrin

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