Temple de Vers-l’Eglise: deuxième concert de la 47e saison du Festival Musique et Neige

Ce soir-là du quinze janvier, six heures, répétition des artistes qui interpréteront le “Winterreise” de Schubert, lors du concert du lendemain. Le pianiste, nous le connaissons depuis l’année dernière. Daniel Heide avait admirablement accompagné une magnifique cantatrice qui avait un ventre aussi gros que celui du président du Festival. Sauf que pour elle, la durée était limitée au prochain accouchement. Le pianiste nous assurait pouvoir faire venir l’un des tout grands ténors : Christoph Pregardien !

La programmation de la 47e édition peut ainsi compter sur sa présence. Le dernier coup sonne au clocher du temple, une BMW à plaque allemande se parque près de l’entrée du lieu magique du concert. Je vais à leur rencontre en leur souhaitant la bienvenue au son du Gute Nacht, premier poème du cycle. J’espère qu’ils ont reconnu la mélodie. Il faut oser chanter devant de tels musiciens ! J’ai osé, sachant qu’il n’était pas question de m’engager pour faire un duo, mais de leur signaler que nous sommes tellement heureux de les recevoir et que si nous sommes sérieux, nous ne nous prenons pas trop la tête. L’ambiance est donnée. Une fois de plus, les vraiment grands musiciens sont sympathiques, modestes et dotés d’humour.

Les musiciens entrent dans d’église. Le pianiste voit le Steingraeber D-232 : Oh, une Ferrari ! La répétition se déroule sans problème, les deux musiciens se parlent beaucoup, ils semblent sur la même longueur d’onde, ils ont des sensibilités identiques, ils construisent l’œuvre ensemble, complices. La répétition s’achève, le concert s’annonce comme espéré.

Dès 17 heures, des auditeurs commencent à arriver. Je suis à l’Auberge qui offrira, une fois de plus, le vin chaud, excellent, à la sortie du concert. Je prends l’un des tabourets du bar pour le poser juste après la porte du temple. De là, sans penser à mon dos, je pourrai me consacrer à saluer les auditeurs. Malheureusement pas tous, car j’ai remarqué à la fin du concert que certains avaient échappé à mon salut, à nos embrassades. 170 personnes ont rempli le bel édifice. 170 personnes se sont tues durant 70 minutes d’une œuvre adaptée à la saison, interprétée par des monstres du Lied. Une fois de plus, on pouvait remarquer la qualité d’écoute de notre auditoire. On est bien loin de se croire dans un hôpital pour pulmonaires comme dans certaines salles de concert. Pas un bruit pendant tout le concert, même pas entre les vingt-quatre Lieder du cycle, sauf à la fin, le public s’est rattrapé dans les applaudissements.

Quelle œuvre, quels interprètes, quel public, …quel vin chaud, santé à tous !

Texte et photos Jean Lugrin

3 Commentaires

  1. Merci monsieur Lugrin pour cet article intéressant, drôle et chaleureux. La grande qualité des concerts du Festival, l’ambiance du temple et le délicieux vin chaud nous ravissent à chaque fois. Quelle chance nous avons de pouvoir compter chaque année sur le Président du Festival, son remarquable directeur artistique qui maintient une si haute qualité et tous les membres du Comité, sans oublier le sympathique “membre qui fait baisser la moyenne d’âge”. Sans votre engagement notre festival perdrait son âme. Et, promis, on n’oublie pas d’éteindre notre téléphone portable!
    Anne Guimond Kostecki, Les Diablerets

  2. Merci à vous, Chère Madame, de nous faire le plaisir d’être une fidèle de Musique et Neige. C’est vrai que c’est une grande chance d’avoir un directeur artistique exigeant et un comité de derrière les fagots. Une chance énorme que cela se passe aux Ormonts, et que ces concerts attirent autant d’auditeurs venant parfois de loin. Merci d’être là !
    Un président comblé

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