Festival Musique et Neige: cinquième concert de la 47e saison au temple de Vers-l’Eglise

Samedi dernier, bien des auditeurs se sont sentis quelque peu déconnectés par un programme pourtant très cohérent et si bien interprété. Le grand plaisir fut de voir le bonheur se lire sur les visages des musiciens. Pour l’auditeur lambda, il est disposé à découvrir, avec ouverture, des œuvres plus difficiles d’accès, mais à deux conditions.
1. Que l’oeuvre ne dure pas trop longtemps…
2. Qu’il soit récompensé par une musique sous forme d’un baume après l’effort.

Je ne crois pas que l’on puisse considérer la Grande Fugue de Beethoven comme un baume apaisant. Personnellement, il y a longtemps que je tente d’apprivoiser l’opus 133, sans y trouver l’émotion de l’opus 130 ou 135. Sans en connaître sa vie, je la considère comme une prouesse technique, et je suis un peu frustré.

Ce samedi 6 février, deux œuvres en sky, ça tombe bien pour l’hiver (qu’est-ce que je peux avoir l’humour facile !). La première, de Karol Szymanowsky, un ami du pianiste Arthur Rubinstein, une Sonate pour violon et piano. La seconde, le Quintette pour piano et cordes de Zarebsky, sa dernière oeuvre, lui qui a vécu à l’époque de Brahms, mais nettement moins longtemps. Je me réjouis d’entendre ce concert.

Je prends mon tabouret de bar à l’Auberge de l’Ours et remercie Laurent Omphalius pour le vin chaud que nous offrirons de sa part après le concert. Je me rends au temple.

Les musiciens tardent à arriver, on annonce un terrible goût de bouchon sur l’autoroute. On ne va pas reporter le concert, même si les réservations ne sont pas aussi nombreuses que la semaine dernière. Ouf, il sont là, les cinq ! On les installe, le raccord sera court, mais le concert qu’ils ont donné hier soir à Berne les dispense d’un répétition de deux heures. Juste sentir l’acoustique du lieu et me permettre de régler le niveau de notre enregistrement d’archive et faire quelques photos.

Le temps pour les musiciens de se changer, le concert commence à l’heure, sitôt que les cloches de six heures ont fini le leur. Deux mots d’explications du directeur artistique Thierry Wälli et la soirée polonaise peut débuter.

Que ce soit pour la Sonate ou le Quintette, la musique est belle, elle n’arrache pas les oreilles. Je n’avais pas beaucoup d’appréhension pour le Zarebsky, mais pour la Sonate de Szymanowsky, mort en 1937, c’est quand même contemporain. Et bien, ce soir-là, on a eu la preuve que la musique peut être récente et tout de même apporter son lot d’émotion, sans être une pâle copie d’oeuvres plus anciennes. C’est agréable lorsque le langage proche de nous n’est pas seulement une démonstration intellectuelle, mais régie par ces sentiments qui nous sont nécessaires.

Ce concert du 6 février fut, pour beaucoup de nos auditeurs, une découverte surprenante et magnifique.

Texte et photos Jean Lugrin

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