Non, ce n’est pas la réédition du roman de Françoise Sagan, ni Le Retour, deuxième film tiré du livre, c’est le sentiment qui m’habite depuis longtemps, j’aime Brahms. J’aime cet entrelacs de phrases musicales qui vous propulsent dans le mystère de contrées inconnues. C’est exactement ce que j’ai ressenti, lors de la répétition de vendredi soir de Gérard Wyss et ses amis. Trois trios avec piano seront à l’affiche du neuvième et avant-dernier concert de la 47e saison du Festival Musique et Neige.
C’est au tour d’Alejandro Nunez de faire sonner son cor pour l’opus 40. Je m’assieds au premier rang, en face de lui, je règle mon appareil pour zoomer sur le pavillon de son instrument, et je filme. Les images qui se reflètent font apparaître la violoniste Soyung Yoon dans un environnement déformé au gré des mouvements du corniste. J’entends et je vois du Brahms. Images entrelacées, sons entrelacés, admirables, d’un cerveau supérieur. Comme pour Bach, ces compositeurs n’ont pas besoin d’un ordinateur, ils l’ont dans les lobes, c’est inné et en plus ils ont travaillé comme des forçats. On n’a rien sans rien !
Non, on n’a rien sans rien, car pour interpréter une telle musique, il en faut des heures de travail acharné, de sacrifices depuis le plus jeune âge. Peut-être, est-ce cela qui donne à ces jeunes musiciens une grande maturité, avant l’âge de la sénilité ! Ce travail acharné permet à ces artistes de mesurer la longueur d’un chemin semé d’embûches de toutes sortes, jusqu’à l’aboutissement de leur carrière. La plupart de ceux que nous avons eu la chance de côtoyer nous ont offert leur talent et leur modestie, en prime, ils sont très sympathiques et plein d’humour. Ce fut encore le cas ce samedi 27 février, que ce soit pour Gérard Wyss, évidemment, Soyung, Christine, Lionel et Alejandro.
Merci Mesdames, merci Messieurs, quel beau concert !
Texte et photos Jean Lugrin
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